10ème dimanche du Temps de la Trinité
"Le Seigneur et son peuple"
Accueil : Cordiale bienvenue pour ce premier culte dans ce mois d’août.
Le thème de ce 10ème dimanche après la Trinité "Le Seigneur et son peuple" nous invite, comme beaucoup d’autres dimanches dans l’année, à réfléchir à notre relation à Dieu. En ce dimanche aussi appelé le « dimanche d’Israël », nous voulons élargir l’horizon de notre foi à l’échelle de toute l’humanité, et en particulier pour le peuple « élu », nos frères juifs, berceau de notre foi chrétienne.
L’histoire, depuis 2000 ans, a montré combien conflictuelles ont été les relations entre chrétiens et juifs, pourtant enfants d’un même Père ; chacun étant persuadé d’être le peuple élu de Dieu. Les uns par Abraham, les autres par le Christ. Chacun s’attribuant cette parole du psalmiste, mot d’ordre de ce dimanche, qui proclame qu’ « heureux est le peuple qui a le Seigneur pour Dieu ! Heureux le peuple qu'il s'est choisi pour héritage ». Ps 33, 12
Entre élection et prédestination, entre salut et perdition, où nous situons-nous ? C’est qui qui est sauvé au juste? C’est qui qui est perdu ? C’est qui finalement ce peuple que Dieu s’est choisi ?
Ce sont quelques-unes des questions que soulèvent les textes bibliques que nous partagerons ce dimanche et auxquelles nous essayerons de réfléchir tout à l’heure.
CHANT : Qu’aujourd’hui toute la terre s’égaye AEC 228, 1+3+5
LOUANGE : Psaume 122 :
P : Alléluia, vive le Seigneur !
A : Louez le Seigneur, car il est bon,
P : et son amour n'a pas de fin.
A : Pense à nous, Seigneur, toi qui es bienveillant pour ton peuple.
P : Interviens pour nous, toi qui es le Sauveur.
A : Alors nous ressentirons le bonheur de ceux que tu as choisis,
P : nous participerons à la joie qui anime ton peuple,
A : nous partagerons la fierté de ceux qui t'appartiennent.
P : Seigneur, notre Dieu, sauve-nous et rassemble-nous.
A : Alors, en te louant, nous prononcerons ton nom unique,
P : Que tous ceux qui sont présents disent :
P+A : « Alléluia, vive le Seigneur ! »
Répons : Ah qu’il est doux AEC 164 (1x en français, 1x en hébreu)
Pénitence :
Seigneur, tu veux être le Dieu de ton peuple ; tu veux être mon Dieu et tu veux faire route avec moi.
Mais qu'en est-il de moi ? Ai-je vraiment envie de te suivre ? //
Me voici devant toi avec ma vie partagée,
Avec ma soif de te suivre… et mes résistances à ton appel,
Avec mon désir d'aimer mon prochain… et mes égoïsmes,
Avec ma quête de lumière… et mes obscurités,
Avec ma foi… et mes peurs.
Me voici devant toi tel que je suis,
Tu m'appelles à me tourner vers toi,
Tu m'appelles à déposer mes craintes et mes lâchetés,
Tu m'appelles à me dépouiller de mes illusions,
Tu m'appelles à laisser ta lumière se poser sur mes ténèbres
Me voici devant toi que je suis.
Je veux te suivre Seigneur.
Accepte ma repentance, prends pitié de moi !
Répons : Prends pitié de moi ô Seigneur (mél. KUMBAYA) AEC 609
Grâce : Ecoutons les paroles de relèvement qui nous sont redites par la Bible ;
Qui accusera ceux que Dieu a choisis ? Personne, car c’est Dieu qui les déclare non coupables. Rien ne pourra jamais nous séparer de l’amour que Dieu nous a manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur. (Rom 8, 33 et 39b)
C’est pourquoi, chantons le Seigneur avec des cœurs joyeux :
Répons : ô ma joie et mon espérance Rec Allél. 61-37 (1X)
Première lecture biblique :
Dans l’Ancien Testament ; au livre de l’Exode, au chapitre 19,
19. 3 Moïse gravit la montagne pour rencontrer Dieu.
Du sommet, le Seigneur appela Moïse et lui dit : « Voici ce que tu déclareras aux descendants de Jacob, les Israélites : 4 «Vous avez vu comment j'ai traité les Égyptiens ; vous avez vu comment je vous ai amenés ici, près de moi, comme un aigle porte ses petits sur son dos. 5 Maintenant, si vous écoutez bien ce que je vous dis et si vous respectez mon alliance, vous serez pour moi un peuple particulièrement précieux parmi tous les peuples. En effet toute la terre m'appartient, 6 mais vous serez pour moi un royaume de prêtres, une nation consacrée à mon service » Voilà ce que tu diras aux Israélites. »
.
Deuxième lecture biblique :
Evangile de Marc 12, 28-34
12 28 Un maître de la loi les avait entendus discuter. Il vit que Jésus avait bien répondu aux Sadducéens ; il s'approcha donc de lui et lui demanda : « Quel est le plus important de tous les commandements ? » 29 Jésus lui répondit : « Voici le commandement le plus important : «Écoute, Israël ! Le Seigneur notre Dieu est le seul Seigneur. 30 Tu dois aimer le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de toute ton intelligence et de toute ta force v .» 31 Et voici le second commandement : «Tu dois aimer ton prochain comme toi-même .» Il n'y a pas d'autre commandement plus important que ces deux-là. » 32 Le maître de la loi dit alors à Jésus : « Très bien, Maître ! Ce que tu as dit est vrai : Le Seigneur est le seul Dieu, et il n'y a pas d'autre Dieu que lui x . 33 Chacun doit donc aimer Dieu de tout son coeur, de toute son intelligence et de toute sa force ; et il doit aimer son prochain comme lui-même. Cela vaut beaucoup mieux que de présenter à Dieu toutes sortes d'offrandes et de sacrifices d'animaux » 34 Jésus vit qu'il avait répondu de façon intelligente ; il lui dit alors : « Tu n'es pas loin du Royaume de Dieu. » Après cela, personne n'osait plus lui poser de questions.
x Exclus de la communauté juive, les Samaritains avaient édifié un temple sur le mont Garizim, montagne proche de l'ancienne Sichem. — à Jérusalem : comparer Ps 122.1-4.
Répons : Louange à toi ô Christ
CHANT : Il est une foi ancienne Rec ALLELUIA 52-09
Message
En ce dimanche du Seigneur et de son peuple, je vous emmène quelques 5 siècles avant JC, au temps des prophètes Agée et Zacharie. Ils ont connu le retour d’Exil ; les choses allaient mieux pour le peuple, jadis déporté à Babylone. Ce sont des récits d’espérance : le Temple sera reconstruit, Jérusalem sera rétablie dans son rôle d’autorité et la figure d’un élu de Dieu se profile. Pour ceux qui connaissent la Bible et qui aiment les grandes fêtes chrétiennes, Noël, Pâques, vous n’ignorez pas que Zacharie donnait les traits du Messie : roi humble et victorieux, venant monté sur une ânesse, mais aussi celui qui sera envoyé à la mort : Je frapperai le berger, et les moutons du troupeau seront dispersés ( Matthieu 26, 31) ; ce sont les mots de Zacharie chap 13 que Jésus prononça au jardin de Gethsémané, à la veille de sa Passion. Mais pour ce matin, lisons chez Zacharie chap 8, 20-23
Ainsi parle le Seigneur de l’univers : Voici que, de nouveau, des peuples afflueront, des habitants de nombreuses villes. Les habitants d’une ville iront dans une autre ville et diront : « Allons apaiser la face du Seigneur, allons chercher le Seigneur de l’univers ! Quant à moi, j’y vais. » Des peuples nombreux et des nations puissantes viendront à Jérusalem chercher le Seigneur de l’univers et apaiser sa face. Ainsi parle le Seigneur de l’univers : En ces jours-là, dix hommes de toute langue et de toute nation saisiront un Juif par son vêtement et lui diront : « Nous voulons aller avec vous, car nous avons appris que Dieu est avec vous. »
A n’en pas douter, depuis quelques jours maintenant, des habitants de nombreuses villes, des sportifs, des athlètes de toutes les nations, des spectateurs, des touristes ont afflué vers Paris, et vers la France en général : ce sont encore les Jeux Olympiques ! Ferveur nationale, chauvinisme font partie du jeu : on soutient surtout les siens, un peu les autres aussi, mais surtout les siens !
Notre bon prophète Zacharie, évoquait dans les versets qui nous occupent ce matin, l’idée de l’apaisement. L’actualité au Proche-Orient, les morts civils en Israël et Palestine, les chefs du Hezbollah savamment tués par explosifs déposés il y a 2 mois, nous feront dire que nous sommes encore loin, malheureusement, de cette paix et de cet apaisement souhaité et prophétisé.
Pour revenir aux JO, je me suis agacé de cette polémique autour de la soi-disant reprise de la Sainte Cène qui a déplu à certains, lors de la cérémonie d’ouverture : peu importe la référence, était-ce Dionysos ou Jésus-Christ que Philippe Katerine interprétait ? Etait-ce le Festin des Dieux de Van Bijlert ou La cène de De Vinci ?
Je retiendrai surtout une analyse, celle d’un historien, Jean-Pascal Gay : selon lui, les critiques s’inscrivent dans une logique de concurrence victimaire. Comprenez ceux qui critiquent, ceux qui sont vite, trop vite effarouchés et qui voient du blasphème partout, se complaisent dans le rôle de victimes. C’est finalement tout ce qu’il reste de leur identité chrétienne : je suis croyant, je suis chrétien, je suis victime… A une époque pas si lointaine, on imaginait plutôt que les victimes en terme de religion étaient plutôt les juifs ou les musulmans : les premiers comme bouc-émissaire depuis le Moyen-Age, peuple qui a fait crucifier le Messie des Chrétiens ; les seconds sont à chaque fois dans le collimateur de l’Occident après une attaque terroriste…Encore récemment à Southport, on n’a pas attendu le profil du triple-assassin au couteau pour s’imaginer d’où il venait…
Cérémonie d’ouverture des JO, j’y reviens : est-ce qu’en tant que chrétien, je me suis senti victime d’un show un peu potache et puéril mettant en scène des drag-queens, une DJ nommée Barbara BUTCH et un chanteur français interprétant « Nu » ? Personnellement, non… Ou alors il nous faudra revenir aux temps du Concile de Trente sur le traitement des images ! Il s’agira sans doute de redire au peuple chrétien, et aux peuples croyant de toutes religions et confessions, que nous n’avons pas le monopole de l’image, et encore moins dans cette société multi-médias, multi-écrans telle que nous la connaissons ou subissons aujourd’hui !
Pour en finir avec cette polémique, j’en suis même arrivé à espérer que c’était bel et bien la Cène qui était représentée lors de la cérémonie d’ouverture des JO. Ce serait alors un message profondément évangélique que de voir autour de la table l’inclusion de ceux qui sont différents et donc exclus. Quelle bonne idée d’avoir ainsi mis l’Eglise, les Eglises, devant leur propre conscience et responsabilité dans le fait d’avoir exclu, et d’exclure toujours une certaine frange de la population : minorités sexuelles, minorités de genre… Lorsque par hasard, j’entre dans une église catholique et que c’est le moment de l’eucharistie, je ne me sens pas bienvenu ! Alors, au lieu de critiquer et de hurler avec les loups et les églises de par le monde, je dirais plutôt merci pour cette intuition profondément évangélique de l’accueil eucharistique et du partage autour de la table ! Je retiendrai encore ce bon mot de Philippe Katerine, héros malgré-lui, paru dans le Monde : « ce qu’il y a de plus beau dans la foi chrétienne, c’est le pardon ».
Mais revenons à notre ami Zacharie et en particulier à l’une de ses visions du jour :
« En ces jours-là, 10 hommes de toutes les langues que parlent les nations s'accrocheront à un juif (…) en déclarant : « nous voulons aller avec vous, car nous l'avons appris : Dieu est avec vous. »
On mesure facilement ce qu'une affirmation pareille peut avoir d'explosif et de malaisant particulièrement en ces temps de guerre en Israël et la Palestine.Une affirmation d'autant plus dangereuse lorsqu'elle est drapée d'autorité biblique.
Nombreux à travers l’histoire sont ceux qui se sont dits élus de Dieu, justifiant leur propre pouvoir au nom de cette soi-disante élection. Tous les grands despotes, tyrans, dictateurs ont cette référence à la transcendance.
Peut-être faut-il alors expliquer ce qu’est l’élection au sens biblique ? Celui qui est élu n’est pas meilleur, plus fort ou appelé à un destin particulier. Cette élection signifie déjà et simplement que Dieu s’attache à nos vies, et lui donne du sens.
Et Dieu, faut-il le redire, n’est propriété de personne. Le fameux « Gott mit uns » sur les ceinturons des nazis n’est pas la norme, et pas la vérité. Dieu n’est pas monopole, Dieu ne se laisse par enfermer dans des définitions, et surtout pas les nôtres, humaines et donc forcément limitées, partielles et partiales.
Zacharie le présente comme le Dieu de tous les peuples, le Dieu qui peut être rencontré par tous et qui se fait Dieu pour tous.
Nous, chrétiens, peuple du Seigneur, l’avons compris : Zacharie annonce Jésus-Christ. Il viendra rejoindre notre humanité 5 siècles plus tard.
En Jésus-Christ Dieu dit un oui définitif et irrévocable à l’humanité entière et non plus à un individu particulier. Jésus est le oui de Dieu à tout Homme et à tout l’Homme.
Ce déplacement qui fait de la foi une rencontre et un événement nous interroge alors sur cette notion de peuple. Je l’ai dit : l’élection ne signifie pas la création par Dieu d’un peuple de surhommes, de purs et de parfaits. En tout cas, ce n’est pas ce que je vois dans mon miroir et dans les bancs de cette église !
La théologie chrétienne a coutume de dire que le peuple élu est rassemblé dans l’Eglise. Jésus-Christ en est la tête, le chef. IL y a Eglise, il y a communauté là où l’Evangile est fidèlement prêché et les sacrements administrés.
En récitant la confession de foi nous disons que l’Eglise est sainte et universelle.
Sainte signifie que l’Eglise n’est pas une association comme les autres, encore moins une fraternité close. Dire de l’Eglise qu’elle est sainte signifie qu’elle a une vocation particulière. Elle est appelée à se renouveler en permanence. Et cette église regroupe tous ceux qui ont été créés à l’image de Dieu, donc dignes.
Nous disons aussi de l’Eglise qu’elle est universelle. C’est-à-dire qu’elle est constituée d’un peuple qui dépasse les cultures et les frontières. Un peuple constitué par Jésus-Christ devant qui, comme l’écrit l’apôtre Paul, il n’y a plus ni juifs, ni grecs, ni hommes, ni femmes, ni hommes libres, ni esclaves.
Une, sainte, l’Eglise est ce peuple en marche à la suite de son Seigneur, par-delà le temps, les cultures et les frontières.
Nous confessons aussi qu’il n’y a qu’une humanité, créée à l’image de Dieu, dont nous sommes membres et que nous sommes appelés à faire grandir et à préserver.
Mais pour cela il faut bien des déplacements et, peut-être, des traversées du désert. Il faudra renoncer aussi à bien des idoles. Mais c’est là toute la mission de l’Eglise. Dénoncer les idoles et attester du pouvoir créateur et salvateur de Dieu.
Amen.
CHANT : Venez au Sauveur qui vous aime AEC 409, 1-3
Prière d’intercession :
Dieu notre Père, ta Parole nous redit ton amour pour ce monde. Ensemble, nous te prions.
Dieu d’Abraham, Dieu de la promesse, donne-nous d’être les témoins de ta fidélité que le monde attend.
Dieu de Jacob, Dieu du combat, donne-nous de lutter contre le mal, l’injustice et la souffrance.
Dieu de Moïse, Dieu de la délivrance, donne-nous de libérer les prisonniers du doute, du désespoir et de la peur.
Dieu de David, Dieu des louanges, donne-nous de répandre la joie de te connaître.
Dieu d’Élie, Dieu de la faim rassasiée, donne-nous de partager notre pain avec celles et ceux qui ont faim.
Dieu de Jésus Christ, Dieu d’amour, donne-nous, en tout temps et en tout lieu, d’être comme les échos de ta Parole qui accueille, console et donne la paix.
Nous te recommandons ton peuple de par le monde, nous te prions de bénir et de susciter des artisans de paix et de rapprochement entre les peuples et les religions.
En ce temps de vacances, nous te prions aussi pour tous ceux qui sont sur les routes, ceux qui sont en villégiature, loin des tracas du quotidien. Nous te prions, pour notre pays, notre monde, ceux qui se déchirent toujours et encore, au nom de la liberté et avec la conscience d’être dans le bon et le vrai, en Ukraine, en Palestine, au Bangladesh.
Nous voulons aussi te prier pour nous-mêmes : tu sais les soucis qui nous rongent ; tu connais nos doutes et nos manques d’espérance.
Seigneur, fais-nous sentir ta présence dans notre vie et accompagne-nous tout au long des jours de la nouvelle semaine. Amen
Notre Père
CHANT final : Sur les routes de l’Alliance AEC 550, 1 strophe
Bénédiction
Postlude
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